Les écologistes

Les écologistes

Par leur volonté de protéger l’environnement, les écologistes se placent fermement aux côtés des apiculteurs dans cette controverse. Tout en les soutenant, ils tentent par la même occasion de défendre leurs propres intérêts, ils mettent la disparition des abeilles au service de leurs causes.

Les écologistes ne sont pas favorables aux modes de culture actuels qui appauvrissent la terre et contraignent des espèces végétales et animales à disparaître. La
biodiversité est menacée par la monoculture, la disparition des haies et des buissons séparant les différents champs, la culture intensive et l’usage abusif de pesticides. Le paysage agraire a été beaucoup modifié au cours des dernières décennies et cela n’est pas vu d’un bon œil par les écologistes.
Ainsi, ils s’emparent de la cause des apiculteurs pour apporter un nouvel exemple concret aux effets néfastes de l’agriculture actuelle. Pour les écologistes, les abeilles sont avant tout victimes des pesticides hautement toxiques pour ces petits êtres comme pour de nombreuses autres espèces, mais aussi de :

  • la disparition des haies
  • la monoculture
Ces deux derniers points sont responsables d’une malnutrition des abeilles, comme l’ont montré des scientifiques de l'INRA.
Examinons de plus près les effets des deux causes responsables de la surmortalité des abeilles pointées du doigt par les écologistes.

Pasted Graphic

La malnutrition des abeilles

Les haies protégeant les parcelles et les prairies ont disparu, alors qu’elles étaient la principale source de pollen pour les colonies d’abeilles et le lieu où les abeilles sauvages pouvaient établir leur nid.
L’appauvrissement de la flore et donc des ressources de l’abeille sont aussi dus :

  • à la destruction des couverts végétaux avant la floraison
  • au débroussaillage
  • à la destruction chimique systématique des mauvaises herbes en bordure de route
De plus, l’installation de monocultures « propres » (sans plante adventice), n’offre pas la diversité pollinique et le nectar nécessaires à l’abeille, provoquant une sous-alimentation et des carences. En combinant la lutte contre les mauvaises herbes, l’élimination des haies et la pratique de la monoculture, on constate que les ressources alimentaires disponibles pour les abeilles sont très limitées en dehors des périodes de floraison des grandes cultures qui ne présentent qu’une seule variété de pollen et de nectar alors que les abeilles ont besoin d’apports divers pour obtenir toutes les protéines dont elles ont besoin : le milieu aujourd’hui n’offre donc pas les ressources nécessaires à la survie des abeilles. Dans de nombreuses régions, les seules fleurs disponibles sont les fleurs de maïs et de tournesol, alors qu’elles fournissent des pollens peu nutritifs et sont souvent porteuses de pesticides. En l’absence de ressources polliniques variées, les larves doivent donc se contenter d’une alimentation pauvre, et vont produire des ouvrières plus faibles, plus petites, plus sensibles aux attaques de pathogènes. Les abeilles ayant une alimentation peu riche sont donc plus faibles et sensibles, et peuvent être touchées plus facilement par d'autres facteurs qui pourront contribuer à la surmortalité tels que les insecticides et herbicides ou encore les pathogènes.

Pour répondre à ce problème de carence alimentaire, une mise en place de
jachères fleuries à intérêt apicole, permet de mettre à la disposition des abeilles une grande variété de plantes mellifères. Il s’agit pour les agriculteurs d’ensemencer de plantes mellifères leurs champs qui doivent être laissés au repos. Ainsi, au lieu d’être laissés à l’abandon et envahis par les mauvaises herbes, les champs sont recouverts de fleurs peu consommatrices des ressources de la terre et très bénéfiques pour les abeilles.

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Cette proposition est particulièrement soutenue par les firmes, et on peut prendre l’exemple de BASF agro qui a mis en place l’expérience «Jachères à intérêt apicole». L’Union Nationale de l’Apiculture Française (UNAF) , quant à elle refuse cette possibilité, car elle dénonce une opération soutenue par les firmes qui «tentent ainsi d’affranchir leurs produits de toute responsabilité dans les surmortalités d’abeilles observées par les apiculteurs» (conférence de presse de l’UNAF à Paris le 13 février 2007).
L’association écologiste Réseau Biodiversité pour les Abeilles soutient un projet de jachères apicoles aussi bien auprès des agriculteurs que du grand public : chacun d’entre nous peut contribuer à la survie des abeilles en plantant des fleurs mellifères sur les balcons ou dans les jardins (http://www.jacheres-apicoles.fr).

Les pesticides

Les pesticides utilisés dans les champs de maïs et de tournesol sont toxiques pour les abeilles, mais aussi pour de nombreuses autres espèces animales. Après avoir combattu le Gaucho, puis le Regent TS, les écologistes sont depuis 2008 face à un nouvel ennemi : le Cruiser.

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Malgré une surmortalité alarmante des abeilles, le ministre de l’agriculture a ré-autorisé cet insecticide utilisé pour le traitement des semences de maïs en décembre 2008 jusqu’au 15 mai 2009. L’association environnementale Agir pour l’Environnement a lancé au printemps 2009 la campagne « Des abeilles piquées au vif » pour empêcher un renouvellement de l’autorisation du Cruiser pour 2010. Non seulement ce pesticide est mortel pour les abeilles, mais il est aussi hautement toxique pour les oiseaux. Bien que soutenue par le Mouvement pour le Droit et le Respect des Générations Futures (MDRGF), la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), ainsi que par d’autres organismes écologiques et par les apiculteurs, la campagne a échoué et le Cruiser a été ré-autorisé début décembre. Selon Agir pour l’Environnement : «en autorisant à nouveau le Cruiser, le ministère de l’Agriculture privilégie une fois de plus les intérêts des firmes agrochimiques».

Ainsi, affaiblies par une importante malnutrition, les abeilles doivent en plus faire face à la toxicité des pollens et des nectars induite par l’utilisation des pesticides. A cela, les écologistes ajoutent une possible mise en cause des changements climatiques qui perturbent le cycle de vie ultra sensible des abeilles.


Les autres acteurs :
les agriculteurs, les apiculteurs, les firmes agrochimiques, les pouvoirs publics et les scientifiques.