Relation hommes / abeilles
Le rôle de l’abeille revêt une importance capitale dans le maintien de l’écosystème, ce que nous confirment aisément certains chiffres évocateurs : on estime par exemple que la reproduction de près de 80% des espèces végétales dépend du travail des abeilles, le rôle primordial du butinage dans la pollinisation globale étant aujourd’hui avéré. Malheureusement, son importance est trop souvent sous-estimée, et trop peu de moyens sont mis en œuvre pour préserver des champs écologiquement viables permettant aux abeilles de vivre en toute tranquillité. Au contraire, des quantités considérables de pesticides sont déversées sur les cultures, venant contaminer la pitance de nos ouvrières préférées.
               
Les abeilles semblent donc bien plus vulnérables hors de la ruche, alors qu’elles sont occupées à récolter nectar et pollen pour le reste de la colonie. Il est fascinant de voir la formidable puissance de travail déployée par un essaim d’abeilles, et leur faculté à se répartir les tâches pour garantir la survie de la ruche. Petit tour d’horizon…

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L’alimentation de la ruche est confiée aux abeilles de type « butineuse ». Ce sont elles, qui par le biais d’incessants allers et venues, ramènent à la ruche le nectar et le pollen indispensables à son bon fonctionnement. Les abeilles acquièrent le statut de butineuse 15 jours après leur naissance et elles passeront le reste de leur vie (d’une durée moyenne d’environ 5 semaines) à la recherche d’autres fleurs à butiner.
Quelques chiffres pour comprendre le travail faramineux des abeilles : pour produire 10 kg de miel, les abeilles peuvent effectuer jusqu'à 4 millions de voyages (estimation variable selon le type de plante butinée). Si l’on considère une distance moyenne d’1,5 kilomètre entre la ruche et les fleurs butinées, la distance parcourue pour produire 1 kg de miel est de 400 000 kilomètres, soit la distance séparant la Terre et la Lune ! Les abeilles ont donc besoin d’espace et de fleurs pour pouvoir se consacrer à leurs tâches ; il faut à tout prix maintenir une bonne biodiversité, et si possible, encourager l’introduction de plantes à fort pouvoir mellifère et donnant une qualité de pollen suffisant.
               
En cas de carence en pollen, c’est la survie de la ruche entière qui est mise en danger : d’une part, la reine arrête de pondre, ce qui altère grandement les chances des abeilles de survivre à l’hiver car elles sont forcées de puiser dans des stocks insuffisants en pollen. Le couvain est moins bien nourri, ce qui engendre des abeilles plus petites et moins résistantes aux contraintes extérieures : la reprise d’activité de la ruche au printemps suivant s’en trouve ainsi affaiblie, effet  qui vient se rajouter à l’état déjà critique de la ruche. Cependant, un effondrement hivernal de la population d’une colonie alors même que les réserves de pollen étaient jugées satisfaisantes, a pu être observé dans plusieurs régions françaises, notamment en 2006. Les apiculteurs accusent les firmes agrochimiques, et incriminent les pesticides utilisés sur les surfaces agricoles, qui nuiraient à la qualité du pollen, essentielle dans la survie d’une colonie.
               
En appréhendant mieux le mode d’action de ces travailleuses infatigables, peut-être serions-nous plus aptes à nous rendre compte des conséquences de notre présence et à changer nos habitudes.