Les apiculteurs

Les apiculteurs

Les apiculteurs incriminent deux causes majeures dans la disparition des abeilles :

  • intoxications dues aux pesticides
  • pathologies de l’abeille
Du fait de la première cause, la plupart des apiculteurs sont en opposition directe avec les firmes agrochimiques et les agriculteurs qui utilisent des pesticides hautement toxiques. A ce sujet, un débat a débuté depuis une vingtaine d’années sur l’utilisation de certains produits dangereux aussi bien pour les abeilles que pour les hommes. En ligne de mire : le Gaucho puis le Regent TS, deux pesticides extrêmement nocifs.
Plus récemment, un nouveau pesticide a été incriminé comme facteur de disparition des abeilles : le
Cruiser fabriqué par la firme Syngenta. C’est un insecticide de traitement des semences de maïs mortel pour les abeilles. Ce dernier est non seulement montré du doigt par les apiculteurs mais aussi par la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) et les écologistes car ce produit est hautement toxique pour les oiseaux et pour l’environnement. Une campagne « Les abeilles piquées au vif » menée par l’association « Agir pour l’environnement » (APE) au printemps 2009 a voulu empêcher un renouvellement de l’autorisation de ce pesticide. Mais leurs efforts se sont révélés vains car le 16 décembre 2009, le ministère de l’agriculture a renouvelé l’autorisation du pesticide Cruiser pour une durée de 1 an sur avis de l’AFSSA. Les écologistes et les apiculteurs voient une fois de plus les intérêts des agriculteurs favorisés au détriment des leurs.

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La deuxième cause majeure de la disparition des abeilles incrimine les diverses pathologies de l’abeille qui fragilisent et affaiblissent cette dernière.
La plus dangereuse ?
Le varroa, un parasite se nourrissant de l’hémolymphe des abeilles adultes et des larves. Selon les apiculteurs, il faut redoubler de vigilance pour prévenir l’arrivée de ce parasite et lutter au mieux contre lui. Mais les médicaments ne sont pas toujours efficace et il est impossible d’éviter à 100% les risques de varroase dans les ruches.
Les apiculteurs américains ont pensé que deux virus pouvaient être mis en cause dans le
syndrome d’effondrement des colonies : le DWV ou virus des ailes déformées et l’IAPV ou virus de paralysie aiguë israélienne.
De plus, les abeilles étant déjà affaiblies par les pesticides elles luttent moins efficacement contre
le varroa, les virus et autres multiples pathologies possibles. Une conjonction de ces deux facteurs pourraient aboutir au CCD.

Comme si cela n’était pas suffisant, d’autres problèmes viennent accabler ces pauvres abeilles, problèmes secondaires certes, mais néanmoins non négligeable du fait de leur rôle affaiblissant :

  • effets désastreux des monocultures : l’agriculture d’aujourd’hui privilégie la culture intensive et pour cela la monoculture est prônée. Mais ce système défavorise largement les abeilles qui ne peuvent alors se nourrirent que d’un nombre restreint de fleurs, les empêchant de trouver les nutriments nécessaires à leur métabolisme. Les abeilles sont ainsi victimes de malnutrition.
  • ravages du frelon asiatique : arrivé en France au début des années 2000, ce frelon s’étend peu à peu sur tout le territoire français et dans toutes l’Europe, décimant des ruches entières.
  • impacts du changement climatique : comme toutes les espèces sur Terre, l’abeille n’est pas insensible au changement climatique qui modifie le cycle de floraison des plantes perturbant les cycles très sensibles des abeilles.
Lors du dernier congrès d’Apimondia qui s’est déroulé du 15 au 20 septembre 2009, Henri Clément, Président de l’Union Nationale de l’Apiculture Française (UNAF), a lancé « l’Appel de Montpellier » : dans le but de sauvegarder les abeilles, les apiculteurs demandent aux responsables des gouvernements français et étrangers la mise en œuvre immédiate de trois mesures importantes :
  • une évaluation plus rigoureuse et complète de la toxicité des pesticides et des cultures génétiquement modifiées

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  • le retrait immédiat des produits dont les effets se révèlent toxiques pour les abeilles domestiques et sauvages ainsi que pour l’environnement.
  • des recherches approfondies dans la mise au point de traitements efficaces contre les pathologies de l’abeille, notamment la varroase.

Le congrès Apimondia 2009 a permis de réaffirmer la nécessité de ces mesures fortes et immédiates demandées sur le plan national et mondial.

Et finalement, pourquoi faire simple quand on peut faire compliquer ? Au sein même des apiculteurs il existe des désaccords, ainsi certains apiculteurs tels que Jean Fedon affirment que les pesticides ne sont pas la première cause de la disparition des abeilles. La surmortalité des abeilles est bien une réalité mais elle est loin de se faire uniformément sur le territoire national. Le phénomène est, selon lui, plus marqué en zone de montagne qu'en zone de plaine et de grandes cultures, certains apiculteurs seraient touchés alors que les ruches voisines ne subissent aucune surmortalité anormale. De ce fait, Jean Fedon pense que les explications de la disparition des abeilles sont plutôt à chercher du côté des pratiques apicoles : notamment celles de la mise en hivernage, du traitement du varroa, du changement des reines... Selon ces apiculteurs, il faudrait donc remettre en cause les pratiques apicoles.

Vidéo : Jean Borneck revient sur la surmortalité non-uniforme des abeilles :


Les autres acteurs : les agriculteurs, les écologistes, les firmes agrochimiques, les pouvoirs publics et les scientifiques.