Les firmes agrochimiques

Les firmes agrochimiques

                Les firmes agrochimiques, pour la plupart de grandes multinationales, fournissent des produits phytosanitaires aux agriculteurs qui désirent optimiser le rendement de leurs champs et ainsi s’assurer une récolte de meilleure qualité. Elles constituent de ce fait un acteur influent du milieu agricole dans les pays industrialisés, là où la pratique d’une agriculture intensive est maintenant largement répandue.
               
                Les menaces planant sur les cultures sont multiples : maladies diverses, insectes nuisibles, concurrence avec les mauvaises herbes, sont autant de dangers potentiels pouvant réduire la quantité des récoltes, ainsi que leur qualité ; dans une étude datée de 2005, la FAO estime que le rendement des récoltes est affecté à des taux variant entre 20 et 50 % selon le type de culture, dans le cas où les produits phytosanitaires ne seraient pas utilisés. Cette capacité à accroître la production provoque un engouement croissant chez les agriculteurs, et représente un véritable marché d’avenir, à l’heure où les surfaces cultivables se réduisent de jour en jour (urbanisation, désertification) et où la demande mondiale ne cesse d’augmenter (croissance démographique, hausse de la consommation de viande et donc de céréales destinées au bétail, émergence des biocarburants). Le recours aux produits phytosanitaires et donc aux pesticides semble bien inévitable… mais n’est pas sans soulever des contestations.
               
                Parmi les détracteurs de ces produits chimiques se démarque la communauté apicole, qui fustige des pesticides comme le
Régent TS ou plus récemment le Cruiser, accusés d’être responsable de la brutale hausse de la mortalité sévissant dans les ruches, phénomène rapporté dans la plupart des pays industrialisés usant massivement de pesticides, et ce, depuis le début des années 1990, époque qui coïncide avec celle où ces «superpesticides» font leur première apparition.
               
                Pourtant, plusieurs études scientifiques menées sur la toxicité de tels pesticides semblent donner raison aux groupes industriels, comme en témoigne l’avis consultatif donné par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA), qui remet en avril 2008 une étude menée entre 2002 et 2005 portant sur 120 colonies d’abeilles de 24 ruchers répartis en France, montrant qu’il n’y aucune relation entre
fipronil (substance active du Régent TS) et mortalité des abeilles. L’évènement le plus symbolique de la mise hors de cause des entreprises ayant commercialisé le Régent TS restera sans doute le non-lieu général requis par le procureur de Saint-Gaudens dans le procès mené à l’encontre de BASF et BayerAG, qui avait toutefois été marqué à ses débuts par des investigations scientifiques allant dans le sens des apiculteurs. Une décision qui doit encore être avalisée par le juge d'instruction, mais qui est d’ores et déjà très mal perçue par les organisations d’apiculteurs et de protection de l’environnement.

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                Les firmes agrochimiques reconnaissent les hécatombes d’abeilles survenues ces dernières années, mais elles avancent néanmoins d’autres raisons possibles ayant pu en être à l’origine, se dégageant ainsi de toute responsabilité dans ce drame écologique ; le manque de biodiversité et plus particulièrement la raréfaction des plantes mellifères, la réduction des surfaces cultivées en tournesol, la virulence de parasites venus de contrées orientales (le varroa), l’apparition de maladies favorisée par les changements climatiques et la multiplication des intempéries (la loque), sont autant de responsables pointés du doigt par les entreprises de l’agrochimie. Si bien qu’aujourd’hui la thèse communément acceptée pour expliquer la surmortalité des abeilles est une combinaison de ces multiples facteurs. Enfin, elles n’omettent pas de rappeler que le procédé utilisé pour traiter les semences avec un pesticide analogue au fipronil exclu toute contamination du nectar et du pollen puisqu’il consiste en un enrobage initial des graines avant le semis, et non pas en l’épandage aérien du pesticide sur les cultures.
               
                Mais le meilleur argument dont ces sociétés disposent est probablement la richesse financière qu’elles ont su amasser par leur activité, leur permettant notamment de créer de puissants lobbies capables de contester la dangerosité des pesticides, en mettant en avant les pertes considérables qu’engendreraient le retrait de tels produits, dont certains sont rentables après seulement 15 ans d’exploitation, les coûts de recherche et développement étant bien souvent faramineux dans ce secteur de l’industrie.

Les autres acteurs : les agriculteurs, les écologistes, les apiculteurs, les pouvoirs publics et les scientifiques.